Posté le mardi 13 janvier 2015
Quel genre de décroissance ?
Tel est le titre du numéro 15 de janvier et février 2015 de la revue MOINS !, des objecteurs de croissance Suisse.
Pour le trouver : http://www.achetezmoins.ch/
Voici comment nos amis suisses le présentent :
L’écologie politique en général et le mouvement pour la décroissance en particulier s’attachent à la critique des sociétés productivistes et aux propositions pour mettre en place des alternatives soucieuses du bien commun, dans le respect de la planète et des groupes dominés ou dévalorisés. Les femmes font indéniablement et malheureusement partie de cette catégorie, or les questions féministes sont étrangement peu présentes dans la littérature décroissante.
Lorsque l’on parle des liens possibles entre écologie et féminisme, le mot « écoféminisme » semble tomber sous le sens. Serait-ce là la voix et la voie particulière des objectrices de croissance ? Ce courant et ces idées – recouvrant des réalités diverses, méconnues et parfois contradictoires – engendrent cependant des réactions fortes, remettant entre autres sur le tapis le débat entre les féminismes « essentialistes » – qui considèrent qu’hommes et femmes possèdent une essence différente, les femmes étant de manière innée plus proches de la nature – et les féminismes « constructivistes » – on ne naît pas femme, on le devient.
Indépendamment de ce débat qui a déjà fait couler des fleuves d’encre, l’exploitation économique et sociale des femmes est bien réelle. Elle repose sur la même logique que celle qui fonde la domination exercée par l’être humain sur la nature : le travail féminin est considéré comme une ressource allant de soi, inépuisable et gratuite. L’émancipation des femmes ne serait-elle pas envisageable autrement que par l’assimilation au modèle masculin dominant, au travers des politiques pour une égalité qui tend à faire d’elles des travailleurs comme les autres, au service d’un bien-être et d’un système productif en croissance perpétuelle, conçus comme essentiellement matériels et avec les conséquences écologiques et sociales que l’on connaît ?
Comment peut-on reconnaître et assumer la centralité des tâches dites « féminines » pour une vie et des sociétés réellement équitables et soutenables, sans tomber dans le panneau de l’idéalisation ? Ces activités de soin, consacrées à l’entretien direct de la vie – tâches domestiques, autoproduction de la nourriture, soins aux enfants et aux personnes en situation de faiblesse, attention à l’environnement, etc. – ne constituent-elles pas le fondement de toute société saine ? Plutôt que les activités productives effectuées dans la sphère marchande – reconnues socialement et économiquement, mais aux conséquences sociales et écologiques problématiques –, n’est-ce pas ces activités de « subsistance » qui doivent occuper le centre de nos préoccupations et de notre temps, pour les hommes comme pour les femmes ?
D’autres questions et quelques pistes de réponse dans notre dossier.