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Souveraineté et austérité

mpOC | Posté le 9 mars 2015

Ce samedi 28 février s’est tenue une réunion débat sur le sujet EU, souveraineté et austérité organisé par l’association Constituante.
Rappelons d’abord que Constituante, née d’une assemblée citoyenne en mars 2012 a pour objet de s’opposer aux traités européens qui contraignent les nations européennes à des budgets d’austérité qui plongent une bonne partie des peuples dans des difficultés économique allant jusqu’à la misère. Ces traités, dont les plus importants sont le traité sur le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) et le TSCG (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance), ont été transposés dans les Etats membres sans respecter les règles de droit institutionnel. Ainsi, par exemple en Belgique, ils s’imposent à la Constitution nationale sans que celle-ci ait été modifiée. Dès lors Constituante a déposé un recours devant la Cour Constitutionnelle belge en plaidant que ces traité sont illégaux puisque anticonstitutionnels. Un tel acte juridique mené par un très grand nombre de citoyens est dénommé class action. Le mpOC s’est joint à cet objectif (comme 40 autres organisations) et vous trouverez le détail de notre position en suivant le lien http://www.objecteursdecroissance.be/spip.php?article536 . Plus globalement, Constituante a pour objectif premier l’exigence d’une consultation populaire sur les traités.

La réunion de ce 28 février donnait la parole à pas moins que 6 invités pour qu’ils donnent leur avis sur ces traités dits budgétaires, de stabilité ou d’austérité et sur leurs conséquences pratiques. Nous avons entendu Yannis Thanassekos, professeur Grec, Karin Verelst, professeur à la VUB et porte-parole de la class action, Dries Goedertier, chercheur, José Fontaine, philosophe et rédacteur en chef de la revue Toudi, Geert Van Istendael, écrivain et Philippe Defeyt, président de CPAS.

Des exposés entrecoupés d’échanges vivants, pendant plus de 3 heures ne peuvent se résumer ici. Je retiendrai donc quelques unes des idées fortes qui ont émergé. La Grèce fut très présente dans les débats puisque elle est le laboratoire où les prêtres de la religion féroce qu’est le néolibéralisme ont appliqué leurs recettes avec le plus de détermination depuis 6 ans. Marie-Rose Cavalier nous a cité les chiffres qui montrent que la Grèce est un pays en voie de sous-développement. Mais la Grèce est aussi le pays où le peuple s’est révolté et a élu un gouvernement qui veut résister au rouleau-compresseur de l’austérité concoctée par la Troïka (Commission, Banque centrale européenne et Fond Monétaire International). La crise humanitaire qui se développe là est volontaire et les négociations menées depuis quelques semaines semblent dans l’impasse car la sclérose des autorités européennes est telle qu’elles sont devenues incapables de mener un dialogue démocratique. Cette crise sociale qui est devenue permanente indique que c’est le système imposé par le capitalisme financier qui est en lui-même la crise. Certains ont comparé ce qui se passe aujourd’hui en Grèce à ce qui s’est passé en Allemagne entre 1930 et 1933. La volonté d’imposer aux Etats des règles budgétaires décidées par les technocrates confis dans leurs certitudes néolibérales permet de dire que l’on vit depuis Maastricht dans une Europe post-démocratique.

Toute résistance aux menées de l’élite néolibérale est qualifiée de populiste et la reprise de la formule de Miss Thatcher que There Is No Alternative (TINA) est en soi un refus du débat démocratique. Et de fait, on assiste de plus en plus au transfert de compétences des Etats vers des instances supranationales composées de personnes non élues. Les nations perdent de plus en plus de leur souveraineté transférée vers des lieux dénués de toute légitimité démocratique. Verhofstadt dit, lui, qu’il faut d’abord créer une nation européenne et qu’ensuite (?) on pourra la rendre démocratique
Bien que le programme de Syriza ne soit pas d’extrême-gauche (comme certains essaient de le faire croire), la Commission s’est crispée sur son cadre rigide. Merkel a quant à elle osé dire que la démocratie doit se conformer aux règles du marché !

On réalise que la Commission et la Banque mondiale sont occupées à détruire la social-démocratie et en particulier toutes les conquêtes que l’on résume sous le nom de sécurité sociale. En conséquence, les CPAS deviennent la poubelle qui doit accueillir tous ceux qui ne seront plus pris en charge par les mécanismes de protection de la sécurité sociale en pleine régression. L’austérité budgétaire que l’on voit imposée à tous les niveaux de pouvoir est étonnamment traduite par une austérité dans les dépenses sociales et beaucoup moins dans d’autres fonctions budgétaires.

Les CPAS, quant à eux, débordés par l’arrivée de besoins nouveaux, se contentent de donner des revenus d’insertion mais sont incapables d’assurer l’aide sociale en tant qu’accompagnement des personnes, ce qui se conçoit quand on sait que les assistants sociaux se voient parfois confier près de 150 dossiers. Ingérable ! On réduit aussi les aides à l’emploi que sont les articles 60. Les inégalités augmentent donc de plus en plus, avec l’élément supplémentaire qu’il est des CPAS de communes riches qui peuvent encore avoir la tête hors de l’eau mais ceux des communes pauvres sont littéralement noyés. Et la Région, elle aussi désargentée, ne peut pas rétablir l’équilibre entre communes pauvres et communes riches.

Malgré ce triste tableau, les personnes présentes sont convaincues qu’il faut continuer à se battre avec détermination. La démocratie menacée par la supranationalité ne survivra que si l’on s’accroche aux souverainetés locales (commune, régions, Etats). Un des projets que concocte Constituante est d’établir une liste des droits fondamentaux intouchables et bien sur de poursuivre sa class action et toutes les initiatives qui s’opposent à la perte de souveraineté que tente d’imposer une Europe néolibérale décidément soumise aux desiderata des entreprises transnationales et de la finance internationale.

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