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Entropia : 8 années de réflexion sur la décroissance

mpOC | Posté le 8 janvier 2015

Depuis sa première parution en automne 2006, la revue Entropia a publié 16 numéros d’une richesse et d’une densité de pensée qui ont nourri les premiers pas intellectuels du mouvement naissant de la décroissance. Dans le premier numéro un article titré : « La décroissance : un projet politique » dévoilait les ambitions du petit groupe d’intellectuels qui se lançaient dans cette nouvelle aventure éditoriale : « Peser dans le débat, infléchir les positions des uns et des autres, faire prendre en considération certains arguments, contribuer à faire évoluer ainsi les mentalités, telle est à ce jour notre mission et notre ambition. »

On peut considérer avec le recul du temps que ces objectifs ont été remplis avec succès. Tous ceux qui comptent dans le paysage francophone de la décroissance ont eu l’occasion de faire entendre leur point de vue sur un des multiples thèmes qui ont été abordé par la revue. Nous n’en citerons aucun car il faudrait alors les citer tous.

A ceux qui s’interrogeaient sur cet OVNI politique, les promoteurs d’Entropia se voulaient clairs et modestes tout à la fois : « Précisons tout de suite que la décroissance n’est pas un concept, au sens traditionnel du terme en tout cas, et qu’il n’y a pas à proprement parler de « théorie de la décroissance », comme les économistes ont pu faire des théories de la croissance, et encore moins de modèles clefs en mains. Il ne s’agit pas du « symétrique » de la croissance, mais d’un slogan politique à implications théoriques, un « mot-obus », dit Paul Ariès, qui vise à casser la langue de bois des drogués du productivisme. »

Travail, technique, éthique, histoire, anthropologie, rôle de l’Etat…, en 16 parutions il n’est guère resté de terrain qu’Entropia ait laissé en friche. Il est évident que les approches qu’on a pu lire sur ces sujets furent loin d’être unanimes. Mais les différences de point de vue n’empêchent pas le respect réciproque et la solidarité puisque si les chemins sont divers, l’objectif est clairement commun : « Le projet de la décroissance est donc un projet politique, au sens fort du terme, celui de la construction, au Nord comme au Sud, de sociétés conviviales, autonomes et économes. Il ne s’inscrit pas dans l’espace de la politique politicienne, mais vise à rendre toute sa dignité au politique.  »

Et voici qu’on nous annonce que le n°16 qui est sorti fin 2014 est le dernier. Entropia et sa maison d’édition Parangon/Vs mettent la clé sous le paillasson. Constat d’échec ? En partie peut-être mais aussi, sans doute, signe que l’objection de croissance a atteint aujourd’hui une notoriété plus évidente qu’elle ne l’a jamais été. Le dogme de la croissance pour la croissance est répété avec de moins en moins de conviction et les conversions à la reconnaissance que la croissance ne reviendra plus et que de toute façon elle est délétère se multiplient et se lisent sous des plumes qui il y a peu de temps encore ne nous avaient habitués à des propos bien plus productivistes.

Entropia a donc bien joué son rôle et il laissera des traces. D’ailleurs, ces traces, on peut encore aujourd’hui les retrouver sur le site http://www.entropia-la-revue.org. Si, comme on peut l’espérer, les mesures préconisées par les décroissants deviennent un jour prochain les guides des politiques à venir, il est probable que les 16 parutions d’Entropia seront considérées par les chercheurs comme des documents historiques essentiels qui auront orienté les fondements de la société de demain.

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Pavane pour une revue défunte

Pour clôturer cette réflexion, nous vous invitons à découvrir ci-annexé le texte de Serge Latouche, professeur émérite d’économie à l’Université d’Orsay et objecteur de croissance, "Pavane pour une revue défunte" , daté d’octobre 2014. Comme il a été à l’origine de la revue Entropia et que sur papier, il en a été le dernier directeur de publication, il lui revient un dernier mot.

Bonne lecture

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