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mpOC | Posté le 23 octobre 2012
Pourquoi nous demandons à nos parlementaires de ne pas voter le Traité de stabilité budgétaire, appelé aussi TSCG
Il y va d’abord de la démocratie : Il est paradoxal qu’un pays comme le nôtre tant attaché aux débats institutionnels, s’apprête à voter ce Traité en catimini et sans réels débats. Le citoyen n’a pas été informé du contenu de ce traité et de ses implications. On nous le présente tout au plus comme une garantie normale au « Mécanisme européen de stabilité » (MES) et comme la juste exigence de maintenir les dépenses publiques dans une fourchette – éventuellement déficitaire- tolérable. Il y irait donc d’une saine gestion publique pour assurer une solidarité intra-européenne. Pourtant lorsqu’on y regarde de plus près, on trouve bien autre chose. Cela relève non d’une règle de bonne gestion qui serait normale mais au contraire, cela porte en soi des orientations politiques discutables. Ce choix appartient donc au débat démocratique. Il n’est pas acceptable d’en priver les citoyens d’autant plus que ce choix aura des conséquences bien plus importantes pour nous que la scission de BHV dont on nous a pourtant entretenus de longues années.
Il y va ensuite du choix politique inhérent à ce Traité : Ce Traité n’est pas neutre. Lorsqu’on examine le mécanisme sur lequel il est bâti on peut se rendre compte aisément qu’il va encore amplifier la mainmise des marchés financiers sur l’économie européenne. Bref qu’il va renforcer les orientations politiques qui non seulement nous ont conduit à la crise économique mais qui encore l’entretiennent ! Il va imposer l’austérité pour l’austérité des finances publiques en confiant la surveillance de celle-ci à des organismes sur lesquels le peuple n’a aucun pouvoir de contrôle. Il va faire peser la crise sur les citoyens et les démunir des moyens à même de leur permettre d’en sortir d’une autre manière que celle à laquelle l’Europe semble se vouer encore et encore malgré les faits. A cet égard, on peut déjà constater que si le MES devait secourir la Grèce, l’Irlande, l’Espagne, le Portugal et l’Italie, tous pays aujourd’hui sur la sellette, il serait vite dépassé. Jusqu’où nous mènera-t-on en absurdie ?
Il y va enfin de la nécessité d’élargir le regard que l’on porte sur les faits : Chacun semble s’accorder pour dire que la crise économique que nous vivons est une crise systémique. Mais beaucoup trop de monde ne regarde cette crise qu’à l’intérieur du système économique comme si ce dernier pouvait être isolé des autres systèmes dans lesquels nous sommes imbriqués. Nous pensons qu’il est temps d’élargir le regard sur les choses. Cet élargissement mène à un constat difficile mais incontournable : ce n’est pas qu’une crise économique momentanée que nous vivons mais bien une crise de civilisation. La nôtre, construite sur la recherche continue de la croissance, est intenable. Socialement et économiquement comme chacun peut s’en rendre compte en jetant un regard sur ce qui se passe déjà en Grèce, en Italie ou en Espagne par exemple. Mais aussi écologiquement comme en témoigne la crise climatique, la perte alarmante de la biodiversité ou encore la fin déjà annoncée de différentes ressources fossiles -dont le pétrole-, indispensables pourtant au modèle productivistes et dispendieux sur lequel est bâti notre économie. Ces constats, inéluctables pour tous ceux qui comme nous sont attachés à la démocratie, à la solidarité et au respect des systèmes écologiques dont nous dépendons tous, nous indiquent clairement qu’il ne sert à rien de vouloir maintenir à bout de bras un modèle qui nous mène à l’effondrement Un seule voie s’impose : en sortir au plus vite ! Cette sortie nécessite d’une part de préserver la possibilité de réaliser des investissements nécessaires à une transition écologique accélérée et volontaire et d’autre part d’assurer un revenu décent à tous pendant cette transition tant elle réclamera de chamboulements socio-professionnels.
Voter ce Traité, c’est s’interdire cette possibilité.
Nous restons à votre disposition pour vous présenter plus en détail les propositions des Objecteurs de Croissance
Michèle Gilkinet et Marie-Eve Tries, pour le Mouvement politique des objecteurs de croissance