Mouvement politique des objecteurs de croissance (mpOC) – 2009-2022

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Les potagers collectifs ?

mpOC | Posté le 30 mars 2012

Avec la raréfaction du pétrole, la question de l’origine de notre alimentation se posera avec une acuité d’autant plus grande si les aliments viennent de loin. L’initiative Villes et Villages en Transition développe plusieurs alternatives. Parmi elles, on citera une agriculture biologique et locale, et les Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (AMAP) [1].

On cite moins souvent, et c’est dommage, les potagers collectifs. Un potager collectif est un espace cultivé en commun, soit sous forme de parcelles, soit de manière totalement communautaire. Il en existe un peu partout : jardins partagés et verger conservatoire à Villers-la-Ville, potager communautaire dans le quartier du Bauloy à Ottignies ou de la Baraque à Louvain-la-Neuve, potagers collectifs de l’avenue Ernest Cambier à Schaerbeek... Pour ma part, je participe au projet de potager collectif dans le quartier du Buston à Limelette. À l’échelle d’une ville, un potager collectif demande peu d’aménagements : un terrain en bordure d’un quartier, ou comme au Buston, un terrain de sport laissé à l’abandon peuvent servir de base au projet.

Le Groupe local d’Ottignies-Louvain-la-Neuve du Mouvement politique des objecteurs de croissance soutient la création de potagers collectifs pour leurs nombreux avantages, tant au niveau de l’aménagement du territoire qu’au niveau de la démocratie locale.

Tout d’abord, un potager collectif produit... des légumes. Cela apporte aux participants des connaissances en matière de maraîchage, et les conduit inévitablement à se poser des questions sur les modes de production des légumes en général.

Par la pratique du jardinage, les participants découvrent les circuits courts, pour les plants et les semences, mais aussi pour leurs achats au quotidien. C’est le début d’une prise de conscience, et pourquoi pas, d’une transition vers une agriculture biologique, locale et en accord avec les saisons !

Ensuite, le potager devient un espace vert, agréable et convivial. Qu’on travaille sur sa parcelle ou de manière communautaire, on se parle. Dans les quartiers à forte densité de population, cela peut être un poumon vert. C’est aussi un lieu d’échanges entre générations et de partage d’expériences. Dans les quartiers moins denses, le potager fait partie de ces espaces communs qui peuvent ranimer un quartier. Autour et dans cet espace vont naître divers projets : parcelles didactiques pour l’école de devoirs ou la maison des jeunes, fête de quartier, bancs à disposition de chacun... Ajoutons encore qu’un potager bien tenu, c’est beau, coloré et même fleuri.

Un potager collectif, c’est aussi un laboratoire de démocratie locale. Même si le terrain est divisé en parcelles, certaines choses vont devoir être gérées en commun : qui va s’occuper des outils ? Qui va se charger de distribuer l’eau de pluie disponible, l’été ? Qui va gérer les parcelles à vocation didactiques ? Que met-on aux abords du potager et sur les chemins ? Etc. Tout cela est à discuter tous ensemble. Chacun doit apprendre à faire passer son intérêt et son avis après l’intérêt du groupe. S’il y a des subsides, il va falloir les gérer : est-ce le rôle des instances communales ou des citoyens qui participent au projet du potager ? Plus important : quelles sont les valeurs partagées par les participants ? Comment va-t-on les appliquer ?

Dans le quartier du Buston, toutes ces questions sont traitées lors de réunions mensuelles animées par la Cellule de Développement Communautaire d’Ottignies-Louvain-la-Neuve. Ces réunions permettent progressivement, parfois avec quelques heurts, de prendre des décisions et de se mettre d’accord. Il est parfois difficile, sur des questions brûlantes, d’attendre son tour pour s’exprimer ! Enfin, quand on participe en groupe à un tel projet, on développe l’intelligence collective, on ouvre les yeux sur les autres et le monde, on a un sentiment de compétence et de reconnaissance, on se sent plus fort. Cela ouvre la porte vers d’autres initiatives collectives, et c’est un bienfait pour tout le monde !

Mise à jour de l’article paru dans Espace-Vie N°210 - La revue de la Maison de l’urbanisme / Centre culturel du Brabant wallon, avril 2011

Notes

[1Il existe désormais une AMAP en Belgique francophone : Hélia à Ottignies-Louvain-la-Neuve

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